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Un jour d'épaules nues où les gens s'aimeront (Louis Aragon)

A la poésie, l'art, la musique, la littérature, la sagesse, au romantisme, toutes ces choses qui font que la vie vaut la peine d'être vécue !

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Christiane Rochefort

Christiane Rochefort est née à Paris en 1917. Très jeune elle écrit des poèmes. Elle poursuit des études de médecine et de psychiatrie tout en s'intéressant à divers arts plastiques. Elle gagnera sa vie avec divers boulots, notamment attachée de presse au festival de Cannes. Ce n’est que tardivement qu’elle arrive à l’écriture, à l’âge de quarante et un ans elle obtint son premier succès littéraire avec Le Repos du guerrier, un récit bousculant les principes de la société de l’époque dans lequel se dessinent déjà les traits de la combattante avant-gardiste qui va beaucoup irriter la bienséance. Elle est décédée en avril 1998. 

 

Le repos du guerrier (1958)

 

Geneviève Le Theil est une jeune bourgeoise bon chic bon genre. Dans un hôtel de province ou elle est de passage elle se trompe de chambre et découvre un homme agonisant. Elle donne l’alerte et l’homme qui avait fait une tentative de suicide est sauvé grâce à elle. Renaud puisque c’est Renaud qu'il s’appel, désabusé de la vie rejette le monde dans son ensemble. Il le trouve abject et le bombardement d’Hiroshima par les « gentils » américains n’est pas pour le faire changer d’avis.

 

Sans but il s’attache aux pas de celle qui l’a sauvé et lui fait découvrir le monde de la sensualité et ce qu’elle croira être « l’amour ». Renaud rejette avec violence et cynisme cet « amour ». Il est tourmenté et exigeant et ne se berce pas d'illusions. Il estime que Geneviève est guidée d’abord par l'appétit sexuel et veut la forcer à l'admettre. L’ambiance n’est pas rose bonbon avec ce désespéré.

 

Renaud refuse de se dévoiler à Geneviève. Il ne lit que des policiers, vit au jour le jour (n’est-il pas « mort » de toutes façons, puisqu'il s'est suicidé ?). Il profite sans scrupule de la manne financière de sa maitresse (de toutes façons, il ne lui a rien demandé !). Il y a une grande violence dans le désespoir qui émane du personnage de Renaud

Il disparait de temps à autre sans se préoccuper de l'inquiétude qu'il peut susciter. Il entraine Geneviève vers son univers désenchanté et glauque dans lequel rien n'a vraiment d'importance. Il la pousse à un libertinage triste et désabusé.

 

Un jour, ulcérée, Geneviève craque. Elle chasse Renaud. Il part sans discuter. Désespérée par son attitude elle tombe gravement malade. Elle laisse un mot à Renaud, l'informant de son état. Mais sa "meilleure amie" (pour son "bien", naturellement), subtilise le message. Renaud ignore que sa maitresse est très malade. Il finira par l’apprendre suite à un concours de circonstance comme il en existe dans les romans. Il la rejoint et alors emploie toute son énergie à défaire le mal qu'il a fait. ("Il avait donc ses limites. Devant la mort, il s'était arrêté").

 

Geneviève guérit, ils partent en vacances en Italie, puis sur la Côte d'azur.

 

Là ils rencontrent un sculpteur à succès: Katov et sa la maitresse Rafael qui est enfantine, légère, et détachée de tout, sauf du jeu et du rêve. Rafael comprend immédiatement Renaud. Elle ne croit pas à grand-chose comme lui et prend la vie comme un jeu. Une complicité très forte s’établit rapidement entre eux deux. Ils se réfugient sans cesse dans des délires poétiques dont sont exclus les autres. ( C'est la tentation de la régression vers les paradis de l'enfance : "principe de plaisir")
Renaud cesse de boire.
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Geneviève découvre alors un Renaud inconnu, cultivé, féru de musique, etc. Son entourage lui dessille les yeux. Il faut empêcher la relation entre Renaud et Rafael de prendre racine car ils sont irresponsables à toujours rêver et il faut les "protéger" d'eux-mêmes.

 

Geneviève  aura la tâche sera facilité : "Ainsi mon meilleur allié contre Rafael était Renaud Sarti. Et celui qui venait en second était Rafael. Ils étaient leurs pires ennemis. Je n'avais en somme rien à faire. (...) Elle était à cent lieues du sacrifice. Pas faite pour acquitter le prix fort pour un homme. "

 

Geneviève enceinte, Renaud décide de se marier avec elle. Elle refuse. Il  insiste:

« Enchaine-moi. Je veux des chaines, le plus de chaines possible, et lourdes, que je ne puisse plus bouger. Je suis tombé. Je n'ai pas le droit de l'oublier. Toute l'affaire est que je me suis cru un dieu, que je bois pour essayer d'y croire, mais c'est pas vrai (...) Il n'y a rien à être libre. Il faut qu'à la fin je le sache. Passe-moi les menottes, je t'en prie, vite, je pourrais encore me débattre, Dieu sait, dépêche-toi. Force-moi. Je m'en remets à toi. Tu entends! Je veux appartenir à l'espèce humaine enfin, à cette saloperie d'espèce humaine (...) je veux être rien qu'un homme »

 

Geneviève considère avec certaine amertume le prix de sa victoire, «  ...il faut que je quitte Renaud, puisque aussi bien lui-même s'est quitté. Et continuer. Dans le même sens. Et vivre. Avec ce que j'ai. Que j'ai voulu. »

 

Nous sommes loin des happy ends des romans à l'eau de rose...

 

En somme ce livre explique qu’il faut renoncer à la révolte et aux rêves pour accéder d’accéder au bonheur bourgeois et au mariage qui est une forme de mort.

 

« La femme est le repos du guerrier », certes... Mais n'est-ce pas une forme de castration que de demander à quelqu'un de renoncer à ses rêves ?)

 

Dans un roman ultérieur (Les Stances à Sophie), Christiane  Rochefort renversera les rôles masculin et féminin, et se positionnera plus clairement contre l'institution du mariage dans ce qu'elle a de plus aliénant.

 

L’œuvre de Christiane Rochefort par la suite penchera encore plus dans le sens de la révolte que dans celui de la rédemption.


Comme souvent le film à trahi le roman.

D’un roman plutôt noir et désespéré le film a produit une bluette complaisante pour le public de l'époque. Tourné par Roger Vadim en 1962 Brigitte Bardot y tiens le rôle de Geneviève et sa prestation principale est de passer l'aspirateur en tenue d'Eve ou presque, juste un petit tablier de soubrette pour cacher gentiment le devant, 1962 oblige. A la fin, le héros interprété par Robert Hossein est sauvé grâce à l'obstination de cette  bourgeoise amoureuse. Pour l’époque le film eut son parfum de scandale qui contribua à son succès. Il est hélas plus connu que le roman dont il est tiré. Lisez le roman et vous verrez.

Je me rappel la réflexion que je m’étais faite en voyant le film : « Elle est belle, elle est riche, elle l’aime, quel con ! » évidement il n’y était pas question d’Hiroshima ni de l’absurdité de la vie bourgeoise de l’époque ne sachant même pas profiter de sa richesse de façon décontractée. Les bobos se sont bien rattrapés depuis


Romans

Divers

  • Les enfants d'abord (essai, 1976)
  • Le monde est comme deux chevaux
  • Adieu Andromède


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