Juillet 2007
François Cheng
Un Chinois à l'Académie Française
 Modeste et avenant, tiré à quatre épingles, François Cheng est un grand homme. A propos de son livre, intitulé Cinq méditations sur la beauté (Albin Michel, 2006) il a donné une conférence dont voici quelques extraits. Pour lui, la beauté est l’expression de la bonté, et l’on ne peut percevoir la bonté que par les êtres A une personne qui demandait quel était le « truc » qui permettait de percevoir le beau dans l’agitation de la ville, la misère des trottoirs et l’air renfrogné de la foule, il a eu cette réponse : « Il est certain que, pour percevoir la beauté, il faut un travail sur soi. La beauté ne vient pas d’elle-même comme un dû, il est nécessaire de se mettre dans l’état d’esprit de la percevoir. »
A question très française, réponse très chinoise : tout ne vient pas d’en haut ou de l’Etat, chacun doit y mettre du sien.
« J’ai dit cela à mes étudiants, j’ai vu des hochements de tête dubitatifs. Mais, un peu plus tard, certains m’ont dit qu’ils avaient médité cette remarque au premier abord dérangeante. Et que, désormais, ils regardaient les gens dans le métro autrement. »
Il oppose au précepte soixante-huitard selon lequel « tous les goûts sont dans la nature » ou « à chacun sa vérité », les critères de « fausse beauté » qu’il définit par la séduction (publicité, propagande, illusion). La vraie beauté semble désintéressée et gratuite, plus encore : fondée sur la bonté.
Le « beau geste » est une grâce, un don. La beauté est partout, même dans les bidonvilles, elle n’est pas un luxe mais est nécessaire à chacun, y compris aux plus démunis. Il y a de la beauté dans le sourire d’un enfant ou dans le regard d’une mère. La beauté est désir et élan vers l’autre. Le physique d’une femme, l’épanouissement d’une fleur, le coucher du soleil ou le ciel étoilé permettent, un instant, de se trouver en accord avec le monde.
Extrait d'Agoravox
Et sur le site www.academie-francaise
Né le 30 août 1929, en Chine, François Cheng est issu d'une famille de lettrés et d'universitaires — ses parents comptaient parmi les premiers étudiants boursiers envoyés aux États-Unis. Études secondaires à Chongquing de 1937 à 1945. La guerre terminée, la Chine sombre peu après dans la guerre civile qui jeta la jeunesse dans le désarroi ou la révolte. Après un temps d'errements, il entre à l'Université de Nankin. Début 1948, son père participe, en tant que spécialiste des sciences de l'éducation, à la fondation de l'UNESCO, grâce à laquelle il peut venir en France. Il se consacra à l'étude de la langue et de la littérature françaises. Il dut cependant traverser une assez longue période d'adaptation marquée par le dénuement et la solitude avant d'obtenir en 1960 un emploi stable au Centre de linguistique chinoise (devenu plus tard le Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale à l'École des hautes études en sciences sociales). Parallèlement à son travail, il s'est employé à traduire les grands poètes français en chinois et à rédiger sa thèse de doctorat. En 1969, il a été chargé d'un cours à l'Université de Paris VII. À partir de là, il mènera de front l'enseignement et une création personnelle. Il sera naturalisé français en 1971. En 1974, il devient maître de conférences, puis professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales, tandis que ses travaux se composent de traductions des poètes français en chinois et des poètes chinois en français, d'essais sur la pensée et l'esthétique chinoises, de monographies consacrées à l'art chinois, de recueils de poésies, de romans et d'un album de ses propres calligraphies. Il se verra attribuer le prix André Malraux pour Shitao, la saveur du monde, le prix Roger Caillois pour ses essais et son recueil de poèmes Double chant, le prix Femina pour son roman Le Dit de Tianyi et le Grand prix de la Francophonie pour l'ensemble de son œuvre. Il a été élu à l'Académie française, le 13 juin 2002, au fauteuil de Jacques de Bourbon Busset (34e fauteuil).
Les citations de François Cheng sur Evene
«L’individu a toujours connu son épanouissement grâce à ces rencontres successives avec l’extérieur.»
Sur terre, seule l'écriture permet de tendre vers le tout de son vivant.
« La passion charnelle reste la plus haute forme de quête spirituelle. Elle est un aperçu d'éternité »
« Je suis prêt à affirmer que c'est dans le langage que réside notre mystère »
François Cheng
Les anecdotes sur François Cheng Fran-çois En chinois le prénom se compose de deux syllabes. En obtenant la nationalité française en 1971, l'écrivain a choisi le prénom 'François', notamment parce qu'il comporte deux syllabes conformément à la tradition chinoise.
François Cheng n'aime pas travailler dans le silence et la solitude. Aussi, il lui arrive de prendre un train aller-retour, simplement pour y travailler.
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