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Un jour d'épaules nues où les gens s'aimeront (Louis Aragon)

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Août 2009         

 

SAINT EXPUPERY

 

Il y a 65 ans, le 31 juillet 1944, parti de Bastia pour une mission de reconnaissance en Savoie, l'aviateur et écrivain Antoine de Saint-Exupéry disparaissait, avec son avion. 

 
Saint-Exupéry naît en 1900 à Lyon dans une famille issue de la noblesse française, son père est le vicomte Jean de Saint-Exupéry  et de Marie Boyer de Fonscolombe. Il partage une enfance heureuse entre cinq frères et sœurs. En 1904, son père décède accidentellement écrasé par un train.  Marie de Saint-Exupéry éduque seule ses cinq enfants, ils jouent beaucoup, font des charades, montent des petites pièces de théâtre, jouent de la musique (piano et violon), Antoine et Didi dessinent et peignent, Biche, Simone et Antoine écrivent et rédigent un petit journal.
La mère d'Antoine de Saint-Exupéry vit plus ou moins bien ce veuvage prématuré. D'une sensibilité à fleur de peau, elle va tisser des liens privilégiés avec Antoine, et lui offrira une excellente éducation. Elle transmettra à son fils des valeurs qu’il conservera toute sa vie : honnêteté, respect d'autrui, pas d'exclusivité sociale. Elle est une femme exceptionnelle avec un humanisme que Saint-Exupéry cultivera tout au long de sa vie.
En 1912, Antoine passe les grandes vacances au château à Saint-Maurice-de-Rémens. Il est fasciné par le nouvel aérodrome d'Ambérieu-en-Bugey, situé à quelques kilomètres. Il  s'y rend à vélo et y reste des heures à interroger les mécaniciens sur le fonctionnement des avions. Un jour, il s'adresse au pilote Gabriel Salvez et prétend que sa mère l'a autorisé à effectuer un baptême de l'air. Il fait donc son baptême.

Les ailes frémissaient sous le souffle du soir
Le moteur de son chant berçait l'âme endormie
Le soleil nous frôlait de sa couleur pâle.

 

Saint-Exupéry passe ainsi presque toute son enfance dans le château familial, entouré de ses frères et sœurs. Il se souviendra de cette période comme celle du paradis perdu, « les plus beaux moments de sa vie » dira-t-il plus tard. En revanche, il ne se plaît pas beaucoup au collège Sainte-Croix du Mans où il est pensionnaire. Ses camarades le surnomment Tatane, ils collaborent toutefois au journal de classe créé à son initiative, qui sera ensuite interdit par les Pères.

 

Lorsque la Première guerre mondiale éclate en 1914, Marie de Saint-Exupéry est nommée infirmière-chef de l'hôpital militaire d'Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain. Ses deux fils  intègrent le renommé collège jésuite de Notre-Dame de Mongré, à Villefranche-sur-Saône. Le jeune Antoine de Saint-Exupéry peut enfin se consacrer à l'écriture, avec brio, puisque, même si ses études sont médiocres par ailleurs, il remporte le prix de narration du lycée pour l'une de ses rédactions.

À la rentrée scolaire de 1915, Marie de Saint-Exupéry  inscrit ses fils chez les frères marianistes de la Villa Saint-Jean à Fribourg, en Suisse. En rapport étroit avec le collège Stanislas de Paris, ce collège a développé une méthode d'éducation moderne qui leur permet d'exercer leur créativité. Antoine y retrouve Louis de Bonnevie, dont la famille est voisine et amie de la sienne à Lyon. Il nouera avec lui ainsi qu’avec Marc Sabran et Charles Sallès une amitié profonde et durable.

 

 

 

En 1917, il obtient son bac. Il est davantage à l'aise dans les matières scientifiques que littéraires. Au cours de l'été (juillet 1917), souffrant de rhumatismes articulaires, François, le frère cadet de Saint-Exupéry, le compagnon de jeux et le confident, décède d'une péricardite. Attristé par la mort de son frère, il semblerait que cet évènement marque le passage de Saint-Exupéry du stade d'adolescent à celui d'adulte.

La guerre de 14-18 aussi l'inspire, il réalise des caricatures de soldats prussiens et de leurs casques à pointe, de l'empereur et du Kronprinz. Il écrit aussi quelques poèmes :

 

Parfois confusément sous un rayon lunaire,
Un soldat se détache incliné sur l'eau claire ;
Il rêve à son amour, il rêve à ses vingt ans !
Printemps de guerre


En 1919, il échoue au concours de l'École navale (ses résultats dans les branches scientifiques sont très bons, mais ceux des branches littéraires insuffisants) et s'inscrit en tant qu'auditeur libre dans la section architecture à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts. Sa mère l'aide comme elle peut, malgré ses soucis d'argent. Antoine bénéficie alors de l'hospitalité de sa cousine Yvonne de Lestrange et occupe  également plusieurs petits emplois : avec son ami Henry de Ségogne, il sera notamment figurant durant plusieurs semaines dans Quo Vadis, un opéra de Jean Noguès. En 1918, il a fait la connaissance de Louise de Vilmorin, qui lui inspire des poèmes romantiques.


Je me souviens de toi comme d'un foyer clair
Près de qui j'ai vécu des heures, sans rien dire
Pareil aux vieux chasseurs fatigués du grand air
Qui tisonnent tandis que leur chien blanc respire.
À mon amie

 

Durant cette période, son intense activité poétique lui inspire des poèmes plutôt mélancoliques, montrant qu'il vit une période difficile car il se retrouve sans projet de vie et sans perspective d'avenir. Certains de ses poèmes sont calligraphiés et enluminés de dessins à l'encre de Chine. Il offre deux de ses cahiers de poésie à son ami Jean Doat.

 

En avril 1921, il est affecté pour son service militaire en tant que mécanicien au 2e régiment d’aviation de Strasbourg. Il prend des cours de pilotage à ses frais. Fin juillet, seul aux commandes de son avion-école, il se pose de justesse alors que l’appareil est en flammes. Ce grave incident permet de révéler néanmoins son sang-froid et sa maîtrise. Néanmoins, Antoine de Saint-Exupéry laisse le souvenir d’un aviateur parfois distrait, oubliant tantôt de rentrer son train d’atterrissage, tantôt de brancher ses instruments de bord, se perdant dans l’immensité du ciel. Le surnom de « Pique la Lune » lui est ainsi resté, non seulement en raison de son nez en trompette mais aussi d’une tendance certaine à se replier dans son monde intérieur.
Dans le cadre de sa formation dans les EOR il obtient le grade de sous-lieutenant. Début août 1921, il est affecté au 37e régiment d’aviation à Casablanca. C’est là qu’il obtient son brevet civil. Pendant ses loisirs, il réalise des croquis de ses copains de chambrée au crayon mine de charbon et à l’encre turquoise. Ses dessins sont regroupés dans son cahier Les Copains.

 

En janvier 1922, il est à Istres comme élève officier de réserve. Il est reçu pilote militaire et promu caporal. En octobre, sous-lieutenant de réserve, il choisit son affectation au 34e régiment d’aviation, au Bourget. Au printemps 1923, il a son premier accident d’avion au Bourget : fracture du crâne. Après ce grave accident, il est démobilisé. Commence pour lui une longue période d’ennui : il se retrouve dans un bureau comme contrôleur de fabrication au Comptoir de Tuilerie, une filiale de la Société générale d’Entreprise. En septembre, c’est la rupture des fiançailles avec Louise de Villemorin.

 

En 1924, il commence aussi une œuvre en prose, Manon, danseuse. En 1925, son poème intitulé La Lune montre une inspiration farfelue. On peut aussi citer la suite poétique L’Adieu


Il est minuit — je me promène
Et j’hésite scandalisé
Quel est ce pâle chimpanzé
Qui danse dans cette fontaine ?
La Lune, 1925

 

En 1926 il est engagé par Didier Daurat, directeur de l’exploitation des lignes de la compagnie Latécoère (future Aéropostale) et rejoint l’aéroport de Toulouse-Montaudran, pour effectuer du transport de courrier entre Toulouse et Dakar (Sénégal).  Il publie dans la revue d’Adrienne Monnier, «L'Aviateur », sa  première nouvelle. La force du récit de Saint Exupéry tient profondément à la richesse de tons avec lesquels il décrit ses impressions. Il a volé dès son plus jeune âge. Cette expérience du vol et ses qualités d'écrivains matérialisent les impressions que les aviateurs, surtout en ces débuts de l'aéronautique, ont pu ressentir :


« Battue par le vent de l'hélice, l'herbe jusqu'à vingt mètres en arrière semble couler. Le pilote, d'un mouvement de son poignet, déchaîne ou retient l'orage. Le bruit s'enfle maintenant dans les reprises répétées jusqu'à devenir un milieu dense, presque solide, où le corps se trouve enfermé. Quand le pilote le sent combler en lui tout ce qu'il y a d'inassouvi, il pense : « C'est bien » puis, du revers des doigts, frôle la carlingue : rien ne vibre. Il jouit de cette énergie si condensée. Il se penche : « Adieu mes amis... » Pour cet adieu dans l'aube ils traînent des ombres immenses. Mais au seuil de ce bond de plus de trois mille kilomètres, le pilote est déjà loin d'eux :... Il regarde le capot noir appuyé sur le ciel, à contre-jour, en obusier. Derrière l'hélice un paysage de gaze tremble. »

 

 À Toulouse, il fait la connaissance de Jean Mermoz et d’Henri Guillaumet.
Fin 1927, il est nommé chef d’escale à Cap Juby au Maroc avec pour mission d’améliorer les relations de la compagnie avec les dissidents maures d’une part et avec les Espagnols d’autre part. Il va y découvrir la brûlante solitude du désert, après un atterrissage forcé il rencontre une communauté de moines trappistes. il relate cette expérience dans Terre des hommes : « Le vent, le sable et les étoiles. La vie austère des trappistes. Mais sur cette nappe mal éclairée, six ou sept hommes, qui ne possédaient rien au monde hormis leurs souvenirs, partageaient une invisible richesse ». En 1929, il publie chez Gallimard son premier roman « Courrier sud » dans lequel il raconte sa propre vie et ses propres émotions de pilote.

En septembre 1929, il rejoint Mermoz et Guillaumet en Amérique du Sud pour contribuer au développement de l’Aéropostale jusqu’en Patagonie. En 1931, il publie son second roman « Vol de nuit », un immense succès, dans lequel il évoque ses années en Argentine et le développement des lignes vers la Patagonie.Il se marie à Agay avec Consuelo Suncin Sandoval de Gómez, à la fois écrivaine et artiste salvadorienne.

À partir de 1932, alors que la compagnie, minée par la politique, ne survit pas à son intégration dans Air France, il subsiste difficilement, se consacrant à l’écriture et au journalisme. Saint-Exupéry demeure pilote d’essai et pilote de raid en même temps qu’il devient journaliste d’occasion pour de grands reportages.

 

Reporter pour Paris-Soir, il voyage au Vietnam en 1934 et à Moscou en 1935. En décembre 1935, Saint-Ex tente un raid Paris-Saïgon mais est obligé de poser en catastrophe son avion, un Caudron Simoun, dans le Désert Libyque, en Égypte. Il part pour l’Espagne en 1936. De tous ces voyages, il accumule une très importante somme de souvenirs, d’émotions et d’expériences, qui lui servent à nourrir sa réflexion sur le sens à donner à la condition humaine. Sa réflexion aboutit à l’écriture de « Terre des hommes » publié en 1939. Ecrit dans une prose magnifique ; l’ouvrage est récompensé par le prix de l’Académie française. C’est dans ce roman que l’on trouve la célèbre phrase prononcée par Henri Guillaumet après son accident dans les Andes : « Ce que j’ai fait, je te jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait».

 

En 1939, il est brièvement réintégré à l'armée de l'air où il effectue de la reconnaissance aérienne. Le 23 mai 1940, il survole Arras alors que les panzers allemands envahissent la ville. Puis il quitte la France pour New York avec pour objectif de faire entrer en guerre les Américains. Catalogué comme pétainiste par les uns, gaulliste par les autres, il a du mal à faire entendre sa voix ; en fait tout au début, comme l’immense majorité de Français, il était plutôt favorable à Vichy, qui lui semblait représenter la continuité de l'État, et était donc plutôt méfiant envers le général de Gaulle. De fait il a surtout essayé de réconcilier les factions opposées ; lors de son appel radiophonique du 29 novembre 1942 depuis New York, il lance : « Français, réconcilions-nous pour servir », mais il fut incompris, car il était trop tard et le temps était celui de l'affrontement. Selon des archives américaines récemment ouvertes il semblerait que les services secrets américains auraient envisagé l'hypothèse de le pousser en lieu et place du général de Gaulle.

 

Fin 1942, il séjourne au Canada dans la famille De Koninck, rue Sainte-Geneviève, dans le vieux Québec. Mais il ne pense qu'à s'engager dans l'action, considérant, comme ce fut le cas avec l'Aéropostale, que seuls ceux qui participent aux événements sont légitimes pour en témoigner.

 

En avril 1943, bien que considéré comme un pilote médiocre par les alliés, Antoine de Saint-Exupéry reprend du service actif dans l'aviation en Tunisie grâce à ses relations et aux pressions du commandement français. Relégué de la chasse, il effectue alors quelques missions de reconnaissance, mais est victime de plusieurs incidents, qui le font mettre « en réserve de commandement », étant donné son âge, son mauvais état de santé général, ses différents crashs précédents. Il séjourne alors en Algérie, au Maroc, puis en Algérie de nouveau, où il obtient au printemps 1944 l'autorisation du commandant en chef des forces aériennes en Méditerranée, le général américain Eaker, de rejoindre le prestigieux groupe 2/33 basé à Alghero, en Sardaigne. Il effectue plusieurs vols, émaillés de pannes et d'incidents.

 

Le 17 juillet 1944, le 2/33 s'installe à Borgo, non loin de Bastia, en Corse. C'est de l'aéroport voisin de Poretta que Saint-Ex décolle aux commandes de son F-5B-1-LO, version photo du bimoteur P-38 Lightning, le 31 juillet 1944 à 8 h 25 du matin, pour une mission de cartographie (cap sur la vallée du Rhône, cap sur Annecy et retour par la Provence) : des reconnaissances photographiques afin de tracer des cartes précises du pays, fort utiles au tout prochain débarquement en Provence (prévu pour le 15 août 1944). Il est seul à bord, son avion n'est pas armé et emporte avec lui du carburant pour six heures de vol. À 8 h 30, est signalé le dernier écho radar. Son avion se serait écrasé à quelques encablures des côtes de la Provence. Il est alors impossible d'effectuer des recherches sur le terrain en temps de guerre, Saint-Ex est officiellement porté disparu. Sa mémoire est célébrée solennellement à Strasbourg le 31 juillet 1945 et en 1948, il est reconnu « Mort pour la France ».

 

Si la mort ne faisait désormais plus de doute, restait à en élucider les circonstances. En 1950, un pasteur d'Aix-la-Chapelle, ancien officier de renseignements dans la Luftwaffe, témoignera avoir appris, le 31 juillet 1944, qu'un P-38 Lightning avait été abattu en Méditerranée par un Focke-Wulf allemand. Puis, en 1972, surgit le témoignage (posthume) d'un jeune officier allemand, l'aspirant Robert Heichele, qui aurait fait feu sur le Lightning depuis son appareil (un Focke Wulf 190), vers midi, au-dessus de Castellane. Mais Heichele a été à son tour abattu en août 1944. Un autre témoignage surgit tardivement (dans les années 1990), à propos d'une habitante de Carqueiranne qui aurait vu, le jour fatidique, le Lightning se faire abattre. La mer aurait ensuite rejeté le corps d'un soldat sur la plage, lequel a été enterré anonymement dans le cimetière de la commune. Était-ce Saint-Exupéry ? Pour le savoir, il faudrait exhumer le corps, procéder à des comparaisons avec l'ADN des membres de sa famille, lesquels s'y montrent opposés. Chaque fois, ces « révélations » relancèrent l'intérêt aussi bien des spécialistes que du grand public, pour le « mystère Saint-Ex ». Il y eut même un passionné alsacien qui tenta de prouver que l'écrivain aviateur n'avait pas disparu en Méditerranée, mais que son appareil s'était écrasé dans les Alpes. Enfin, en 2000, des morceaux de son appareil, le train d'atterrissage, un morceau d'hélice, des éléments de carlingue et surtout du châssis, sont retrouvés en Méditerranée au large de Marseille. Le 7 septembre 1998, un pêcheur avait déjà trouvé sa gourmette dans son chalut, près de l'île de Riou. Remontés à la surface en septembre 2003, ils sont formellement identifiés le 7 avril 2004 grâce à son numéro de série. Les restes du Lightning sont exposés au Musée de l'air et de l'espace du Bourget, dans un espace consacré à l'écrivain aviateur.

 

Mais rien ne permet de donner une conclusion définitive sur les circonstances de sa mort, malgré la simulation informatique de l’accident – à partir des pièces déformées – qui montre un piqué, presque à la verticale et à grande vitesse, dans l’eau... Fut-elle la conséquence d'une énième panne technique, d'un malaise du pilote ? Certains avancèrent même, au grand scandale de ses proches, l'hypothèse du suicide d'un Saint-Exupéry diminué physiquement (il ne peut pas fermer seul la verrière de son appareil ), désespéré par le monde qu'il voyait s'annoncer, thèse confortée par certains de ses derniers écrits, au ton franchement pessimiste, par exemple les dernières lignes d’une lettre adressée à Pierre Dalloz, écrite la veille de sa mort: « Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m’épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi, j’étais fait pour être jardinier. »

 

En mars 2008, un ancien pilote de la Luftwaffe, sur Messerschmitt Bf 109, Horst Rippert (né en 1922), affirme dans le journal La Provence avoir abattu un avion de type P-38 lightning le 31 juillet 1944 dans la zone où Saint-Exupéry se trouvait. En mission pour retrouver un avion ennemi qui survolait la région d'Annecy, Horst Rippert tourne plusieurs minutes au-dessus de la Méditerranée sans rien repérer. Soudain, un avion allié le croise 3000 mètres au-dessous de lui. Horst Rippert tire et touche. L'avion s'enflamme et tombe à pic dans la Méditerranée. Saint-Exupéry est porté disparu ce jour-là donnant lieu au mystère sur sa disparition. « Si j'avais su que c'était Saint-Exupéry, l'un de mes auteurs préférés, je ne l'aurais pas abattu », a déclaré Horst Rippert. Après la guerre Horst Rippert, frère d'Ivan Rebroff (décédé en février 2008 soit peu avant cette révélation), se reconvertit dans le journalisme et dirige le service des sports de la ZDF.

 

Si elle n'est pas tout à fait autobiographique, son œuvre est largement inspirée de sa vie de pilote aéropostal, excepté pour Le Petit Prince (1943) — sans doute son succès le plus populaire (il s'est vendu depuis à plus de 80 millions d'exemplaires dans le monde) — qui est plutôt un conte poétique et philosophique.

 

On pourrait citer Courrier Sud (1929), Vol de nuit (1931), Terre des hommes (1939), Pilote de guerre (1942), Lettre à un otage (1944), Écrits de guerre (rassemblés en 1982), et Citadelle (posthume, 1948).

L'Aviateur, Publié en 1926. Le premier texte édité de Saint Exupéry, fragment semble-t-il d'un ensemble plus vaste, et qui servira de matériau pour Courrier sud.

Courrier sud

Publié en 1929. À travers le personnage de "Jacques Bernis", Saint-Ex raconte sa propre vie et ses propres émotions de pilote. Louise de Vilmorin est campée dans le personnage de "Geneviève".


 

Vol de nuit

Publié en décembre 1931. Cette œuvre qui atteint au dépouillement de la tragédie, est préfacée par son ami André Gide, valut le prix Femina à Antoine de Saint Exupéry et le consacra comme homme de lettres. Cet ouvrage fut un immense succès et a connu de multiples traductions. Son adaptation cinématographique fut même vendue à Hollywood.
Le personnage principal, "Rivière", est inspiré par son chef Didier Daurat. Il donne vie à un chef qui sait pousser ses hommes au bout d'eux-mêmes pour la réalisation de leur mission : le courrier doit passer à tout prix, la mission dépasse en valeur la vie humaine. Les valeurs que le roman véhicule sont : primauté de la mission, importance du devoir et responsabilité de la tâche à accomplir jusqu'au sacrifice.

 

Terre des hommes

Publié en décembre 1939. Il obtient le Grand prix du roman de l'Académie française.
C'est une suite de récits, de témoignages et de méditations à partir de la somme d'expériences, d'émotions et de souvenirs qu'il a accumulé lors de ses nombreux voyages. C'est aussi un hommage à l'amitié et à ses amis Mermoz et Guillaumet et plus largement une vision romantique sur la noblesse de l'humanisme.

 

Pilote de guerre
Publié en 1942.

 

Lettre à un otage

Publié en 1944.

 

Le Petit Prince

Publié en 1943 à New York (en 1945 en France), écrit à Eaton's Neck (Northport, USA). Pour des raisons techniques, les « aquarelles de l'auteur » reproduites dans les versions françaises qui ont suivi n'étaient que des retramages de l'édition américaine, ce qui induisait une perte de qualité sensible. De plus, certains dessins avaient été modifiés de façon mineure. L'édition Folio parue récemment a été apparemment la première à fournir des illustrations conformes à l'édition originale, de bien meilleure qualité technique et artistique en dépit d'un format plus réduit (les techniques d'impression ayant elles aussi fait des progrès depuis 1943).

 

Citadelle

Publié en 1948. Commencée en 1936, cette œuvre ne fut pas achevée par Saint Exupéry. Publiée dans une première version en 1948 à partir d'un texte dactylographié, elle ne comportait pas l'intégralité de la pensée de l'auteur. La totalité des manuscrits fut mise à la disposition des éditeurs en 1958 et permit de mieux épouser ses intentions.
«Citadelle n'est pas une œuvre achevée. Dans la pensée de l'auteur elle devait être élaguée et remaniée selon un plan rigoureux qui, dans l'état actuel, se reconstitue difficilement. L'auteur a souvent repris les mêmes thèmes, soit pour les exprimer avec plus de précision, soit pour les éclairer d'une de ses images dont il a le secret» (Simone de Saint Exupéry).

 

Lettres de jeunesse (1923-1931)

Publié en 1953. Nouvelle édition en 1976 sous le titre "Lettres de jeunesse à l'amie inventée".

 

Carnets

Publié en 1953. Édition intégrale en 1975. Ensemble de notes tenu de 1935 à 1940 sur un agenda et cinq carnets. Très éclectique, il reflète les

intérêts et curiosités de l'écrivain pour les sciences, la religion, la littérature et donne lieu à des réflexions et à des aphorismes pertinents.

 

Lettres à sa mère

Publié en 1955. Recueil de la correspondance de Saint Exupéry avec sa mère couvrant la période 1910 - 1944.

 

Écrits de guerre (1939-1944)

Publié en 1982. Ce recueil posthume est préfacé par Raymond Aron.

 

Manon, danseuse

Publié en 2007. Court roman achevé en 1925. C'est l'histoire d'amour entre une « poule », Manon, et un homme de quarante ans « grave », triste, qui cherche un sens à sa vie. Dès leur rencontre, se noue entre eux une relation amoureuse, l'homme protégeant tendrement sa « pauvre petite fille », qu'il croit danseuse. Ils font l'amour sans passion. Partent en voyage en voiture. Mais il apprend un jour par trois de ses clients que Manon est en fait une prostituée. Ils rompent puis se revoient. Manon se jette sous les roues d'un camion et manque mourir. Elle restera boiteuse.

 

Écrits de circonstances

« La Paix ou la guerre » (1938 pour Paris-Soir)
« Moscou » (1935 pour Paris-Soir)
« L'Espagne ensanglantée » (août 1936 pour L'Intransigeant)
« Le Vol brisé. Prison de sable » (janvier-février 1936 pour L'Intransigeant)
« Madrid » (juillet 1937 pour Paris-Soir)

 

Cinéma

Scénario original pour Anne-Marie, film français réalisé par Raymond Bernard, sorti en 1936.

 

Attiré par l'ailleurs, le lointain, l'aventure, il cherchait depuis l'enfance à échapper aux bornes de son milieu aristocratique. Il avait multiplié les défis, comme l'aviation, cultivé les amitiés les plus improbables et tenté d'apprivoiser des animaux sauvages : renard des sables, gazelle, caméléon, bébé phoque, puma, lionceau, qu'il embarquait parfois dans son avion, au grand dam de ses mécaniciens - l'un d'eux finira à l'hôpital, après l'épisode du lionceau.


 

Saint-Exupéry fut le seul pilote étranger autorisé à monter à bord de l'avion géant soviétique Tupolev ANT-20 Maxim Gorky. Il a aussi été un homme de sciences : il détient près d'une dizaine de brevets d'inventions techniques, et a aussi mis au point de nombreux problèmes mathématiques, dont le problème du Pharaon publié à son retour d'Égypte.


 

Orson Welles avait acheté les droits du Petit Prince et avait proposé à Walt Disney de l'adapter en animation. Après l'avoir lu, Disney a dit qu'il n'y avait pas de place pour deux génies dans l'entreprise.

 

La grande maison de Charles De Koninck du Vieux-Québec, au 25 de la rue Sainte-Geneviève, (classée depuis monument historique) était un lieu de fréquentation des personnalités des mondes universitaire, scientifique, intellectuel et politique. Saint-Exupéry visita les De Koninck en 1942. Son fils, Thomas De Koninck était alors âgé de huit ans.

 

Ce dernier a conservé les bribes de quelques moments vécus avec Saint-Ex : "Un grand gaillard. C'était l'aviateur. Un bonhomme attachant, qui s'intéressait à nous, les enfants. Il nous faisait des avions en papier, des dessins. Il aimait les énigmes mathématiques."

 

L'année suivante, Saint-Exupéry publiait Le Petit Prince. Selon la légende locale, Saint-Exupéry se serait inspiré du petit De Koninck, qui avait les cheveux blonds bouclés et posait beaucoup de questions.

 

M. De Koninck refuse cependant cette interprétation: "Le Petit Prince, c'est Saint-Exupéry lui-même".

 

 

Source Wikipedia

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