Le mardi 31 mai 2005
LE NON LEMPORTE
Pauvre vieux et cher pays, les forces obscures ont encore triomphées. Le peuple abusé par des discours fallacieux sest laissé prendre au piège.
A bien réfléchir cétait plus ou moins inévitable, depuis des décennies tout ce qui nous vient de Bruxelles nous est présenté comme une calamité contre laquelle nous ne pouvons rien. Il y a-t-il des quotas de pêche à respecter et voilà les pêcheurs qui pleurent et tempêtent contre Bruxelles, et personne na le courage de leur dire que cest pour sauver leurs emplois de demain, que Bruxelles ne leur veut que du bien, que cest la mise en place du développement durable et la préservation des bancs de poissons pour leurs enfants.
Ah ! Le développement durable quelle belle découverte dans un monde qui sacharne au gaspillage le plus effréné.
Et puis toutes ces décisions qui se prennent semble t-il contre nos intérêts. Qui nous a expliqué le travail sérieux et en profondeur de la commission Européenne ? Non seulement personne ne le fait mais au contraire les journalistes à la recherche dun scoop jettent régulièrement de lhuile sur le feu soit par lintermédiaire de nos hommes politiques qui reportent volontiers toutes les fautes sur la Communauté Européenne, soit par des reportages chez des producteurs qui sestiment lésés. Le référendum portait sur la question de savoir si lon était daccord pour doter lEurope dune constitution moderne avec un volet social et permettant de mieux coordonner les actions européennes.
Bien sur personne na dit les choses aussi simplement. Bien sur ce nétait pas aussi simple et le volet libéral et concurrentiel pouvait faire peur.
Lerreur majeure des partisans du oui cétait de croire que le non nétait pas possible. Ils en étaient tellement convaincus quils ne se sont pas rendus compte que dans un référendum il y a deux réponses possibles sinon ce nest même pas la peine de poser la question.
Il y a ceux qui ont vu là loccasion demmerder le Président Chirac et de réclamer sa démission. Jacques Chirac navait aucune raison de démissionner la question ne le concernait pas lui personnellement. De plus il lavait annoncé prévoyant lattitude des petits futés. Peine perdue. En ne comprenant pas quel était lenjeu de la vraie question on pouvait tromper les Français et amener des pros européens à voter non.
Les communistes disent toujours non quelque soit la question. Cétait donc inutile de les interroger. Mais si, nous plaisantons, mais nous sommes démocrates que diable. Toutefois leur non est en totale contradiction avec leur Credo. Ils veulent tout mettre en commun et réunir les ouvriers du monde entier dans un mouvement international au-delà des nations des races et des origines. Voilà que se présentait une occasion de tendre la main aux peuples qui avaient vécus pauvrement sous le joug communiste de lURSS ; et bien non jamais de la vie, pas de solidarité avec ces gens qui nous volent nos entreprises qui se délocalisent chez eux et qui détruisent nos emplois. Quils crèvent. Evidemment ils ne lont pas dit comme ça, mais dans les faits ça revenait à peu près au même.
A lextrême droite les motivations de voter non étaient connues depuis longtemps, le souverainisme et la France aux français. A lextrême gauche les motivations étaient de faire mousser le mécontentement et la peur du bon peuple, et de mettre des bâtons dans les roues de tout ce qui bouge. Finalement cest bien connu les extrêmes se rejoignent, et cest la xénophobie qui a triomphé.
Mais non les partisans du non ne sont pas xénophobe, justes un peu populistes, heu non populaires, j'm'embrouille. A si, à droite ils sont populistes et à gauche populaires c'est tout simple. Et le peuple populiste n'est jamais xénophobe heu non c'est le contraire, les xénophobes ne sont pas populaires. Voilà le fin mot de l'histoire, pas de xénophobes chez nous, mais plein chez les autres.
Certains ont prêché le non par calcul politico politicien, pour viser qui sait ? La présidence de la république peut-être ? Nest-ce pas monsieur Fabius.
Voilà un bilan bien décevant pour les partisans du oui, et une victoire bien triste pour les tenants du non qui ne pourront même pas sassocier pour un programme de gouvernement commun. Le non laissera des séquelles et les hommes politiques qui lont choisi délibérément contre lintérêt de la France et de lEurope mais pour leur intérêt personnel auront, qui sait, des comptes à rendre.
La situation est elle pour autant désespéré ? Non pas du tout, la France avec la victoire du non a reçu un électrochoc. Comment une question qui faisait il y a encore quelques mois 80% dopinions favorables a-t-elle pus terminer vers 45% ?
Le malaise entre la population et la classe politique dirigeante est total, quelque soit cette classe dirigeante, na-t-on pas parlé de gauche caviar ! Des hommes de bonne volonté vont-ils se lever et rétablir la confiance entre le peuple et ses élus ? Souhaitons le de tout cur.
Des déclarations pleines de bonnes intentions se font entendre un peu partout. Il faut renouer le dialogue et il faut cesser de mener des combats darrière garde. Oui mais à peine dit les dirigeants syndicalistes appellent immédiatement à la grève, pas question de pause ni de discussion avec le nouveau gouvernement. Tout le monde prône le dialogue à condition que le gouvernement sincline et fasse ses quatre volontés sans murmurer et sans tenir compte des réalités concrètes du monde dans lequel nous vivons.
On a même reproché à Jean Pierre Raffarin sa timidité en matière de réforme et comble de lironie on a reprocher à Jacques Chirac davoir trop écouté lopinion publique, de sêtre conduit en démocrate en quelque sorte alors que selon ces inconscients il aurait du se comporter en despote, despote éclairé of course.
Oublié les hurlements au moment de la réforme des retraites, oublié les lycéens et les collégiens jetés dans la rue (par qui ?) pour manifester contre le gouvernement, oublié les autodafés faits par les professeurs avec le livre de leur ministre philosophe.
Français auriez vous la mémoire courte ? Vous ne vous rappelez même pas de ce que vous faisiez quand vous bloquiez toutes les initiatives de réforme de Jean Pierre Raffarin. Ce n'étaient pas les bonnes bien sur, ce ne seront jamais les bonnes puisqu'il faut faire des efforts et que les efforts c'est bon seulement pour les autres.
Un point positif dans tout ça, personne ne sest présenté comme anti-européen. La jeunesse daujourdhui est née en Europe et compte bien y rester. Pour ce qui est de la constitution nous verrons bien lattitude des autres pays et peut-être sera-t-elle tout de même adoptée. Une Europe avec la France à la remorque pourquoi pas, les anglais nont pas adopté leuro et ils sont bien restés dans lunion alors pourquoi pas nous.
Et puis à lavenir il faudra bien réfléchir avant de faire un référendum, certains font semblant de ne pas comprendre la question et faussent la donne, bourrés quils sont darrières pensées politicardes.
Et puis pour un peuple aussi intelligent que les français une réponse par oui ou par non cest par trop binaire. Il reste à trouver un moyen de prendre en compte les nuances les états dâme et les arrières pensées subconscientes.
Ah ! Vieux et cher pays tu nous feras toujours rire. |